Ma vie chez Galilée



Projet réalisé dans le cadre d'un exercice en Communication des Savoirs. U. de lettres, Aix-en-Provence, décembre 2009. Album illustré pour enfants ( à partir de 10 ans), 40 pages
d'après La vie de Galilée de Bertolt Brecht


Andréa : Qu’est ce que c’est ?
Galilée : Un astrolabe ; l’objet montre comment, selon les anciens, les astres se déplacent autour de la terre, tandis qu’elle, resterait immobile.
Andréa : C’est beau mais nous sommes vraiment à l’étroit coincés là.
Galilée : Oui, j’ai ressenti ça aussi, c’est pourquoi moi je sais que c’est la terre qui tourne autour du soleil en dépit de ce que l’on observe à première vue.
Imagine-toi que pendant 2000 ans, l’humanité a crû que le soleil et tous les corps célestes tournaient autour d’elle. Le pape, les cardinaux, les princes, les savants, les capitaines, les marchands, les poissonnières et les écoliers, tous croyaient êtres totalement immobiles dans cette sphère de cristal. Mais maintenant nous gagnons le large, comme nous l’avons fait avec les bateaux. Sur notre vieux continent, une rumeur est née : il y aurait d’autres continents. Et depuis que les bateaux s’y rendent, le bruit court que ce grand océan tant redouté ne serait qu’une flaque d’eau !
Là où la croyance était installée, enfin le doute s’installe. Effectivement : C’est écrit dans les livres, mais allons à présent voir par nous-mêmes si c’est vrai, observons, critiquons, imaginons, expérimentons, réessayons. Ce dont on ne doutait jamais, maintenant on en doute. C’est une bonne nouvelle tu ne crois pas.


Double page 3&4

Galilée : Jusqu’à présent on a toujours dit que les astres étaient fixés sur une voûte de cristal pour qu’ils ne puissent pas tomber. Maintenant, avec courage nous les laissons en suspens dans l’espace sans soutien et ils gagnent le large comme nos bateaux. Et la terre n’est plus le centre statique de l’univers mais elle roule joyeusement autour du soleil, et les poissonnières, les marchands, les princes, les cardinaux et même le pape roulent avec elle.
L’univers en l’espace d’une nuit a perdu son centre et au matin il y en avait plein. Si bien que le centre peut désormais être considéré partout puisqu’il n’est nulle part.
Et nous voilà soudain avec beaucoup plus de place.
- Ce que je t’ai dit hier, tu l’as compris depuis ?
Andréa : L’histoire de Copernic, avec la rotation ? C’est très compliqué et je vais seulement avoir 11 ans en octobre.
Galilée : Justement je veux que toi aussi tu le comprennes. Tu es capable de tout comprendre si tu n’as pas l’esprit fermé.
Andréa : Mais le soleil ne peut pas être immobile, je vois bien le soir, qu’il s’arrête ailleurs que le matin.
Galilée : Disons que cette bougie est le soleil, où est le soleil, à droite ou à gauche ?
Andréa : À gauche.
Galilée : Et comment ce soleil ira-t-il à droite ?
Andréa : Si tu le transportes à droite naturellement.
Galilée : Seulement de cette manière ? Et comme ça ? si je te déplace autour… Où est le soleil maintenant?
Andréa : À droite.
Galilée : A-t-il bougé ?
Andréa : ça non ! C’est moi qui ai bougé !
Galilée : Faux ! Idiot ! C’est la chaise !
Andréa : Mais moi avec elle !
On voit Mme Sarti qui entre avec un plateau et regarde la scène l’air dubitatif
Galilée : Évidemment. La chaise c’est la terre, toi tu es assis dessus.

Double page 5&6

Mme Sarti : Que faites-vous avec mon fils ?
Galilée : Je lui apprends à voir, Sarti.
Mme Sarti : En le transbahutant à travers la pièce ? Vous, vivez la nuit car là même vous travaillez, mais lui va à école demain. Allez au lit !


Double page 7&8
Chez le lunetier ;

Lunetier : Voici mon garçon, une convexe et une autre concave. Je me demande toutefois ce que Monsieur Galilée a dans la tête cette fois-ci. C’est bien la troisième fois que tu viens me voir pour m’acheter des lentilles.

En revenant avec les lentilles A. surprend la conversation de G. avec le curateur de l’université.
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C : Je sais que vous avez besoin d’argent mais il faut enseigner pour mériter un tel salaire. Vous avez déjà la chance qu’ici, à Venise, on vous laisse étudier ce que vous voulez à l’abri du Saint office.

G : Et à quoi sert une libre recherche sans temps libre pour chercher ? Il est grand temps que je cesse de donner des leçons à tous ces abrutis qui ne veulent pas voir plus loin que le bout de leur nez. Je n’ai plus le temps de m’occuper de ceux qui veulent apprendre ce que l’on sait déjà. Il faut apprendre à découvrir. Tenez voici Andréa, il n’a que 11 ans, il est pourtant devenu mon élève tant il a l’esprit vif et curieux. Il ne s’offusque pas si je jette une pierre sur le sol en disant qu’elle ne tombe pas.
Je voudrais passer mon temps à chercher et à écrire. On a du pain sur la planche n’est-ce pas Andréa ?
A : Tenez, voici vos lentilles de verre. Le lunetier est curieux de savoir ce que nous fabriquons avec tant de lentilles.
Curateur : Je vous laisse, bonne continuation dans vos recherches, mais je ne vous garantit pas de tirer un bon prix de vos études sur la chute des corps….

Double page 9&10

Galilée se met au travail et fabrique une lunette.

G : Il faut que je te dise quelque chose Andréa : Ne parle pas aux gens de nos idées.
A : Pourquoi ?
G : L’autorité l’interdit.
A : Mais c’est pourtant la vérité.
G : Mais elle l’interdit. De plus, nous, physiciens, ne pouvons pas toujours démontrer ce que nous tenons pour vrai. Même la théorie du grand Copernic n’est pas encore démontrée, elle n’est qu’une hypothèse et certains se sont fait bruler vif pour avoir voulu propager l’hypothèse de Copernic, c’est pourquoi je te demande d’être très discret quant à nos recherches.
A : C’est quoi une hypothèse ?

G : C’est quand on suppose vraisemblable quelque chose mais qu’on n’a pas de preuves matérielles. C’est une explication temporaire, qui doit encore être expérimentée pour être prouvée.

Notre vue nous pousse à croire que l’horizon est plat. Nous avons naturellement cru que la terre était plate car nos sens, nous induisent parfois en erreur. Cependant si on fait l’expérience de toujours marcher et naviguer dans le même sens : on finira un jour ou l’autre, par se retrouver au même point. On en déduira donc que la terre est ronde. Quand l’hypothèse est ainsi prouvée, elle devient un fait. Aujourd’hui il s’agit de prouver que la terre n’est pas le centre de l’univers.

Galilée regarde dans la lunette et dit à Andréa

G : Tiens, viens voir un peu à travers ça Andréa
A : Sainte vierge tout se rapproche !
G : ça nous rapportera bien 500 écus pour nos recherches, maintenant je vais aller me coucher.
A : Mais… Il est à peine 4 heures…
G : Je te conseille de faire pareil, on va en avoir du travail cette nuit.

All Books invite Antonio Caballero à Aix-en-Provence



Rencontre autour de son livre Sin remedio (Un mal sans remède, Belfond), à la librairie All Books à Aix-en-Provence, 14 oct 2009.
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